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Un pas vers toi: Le cycle de la peur 1
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By Toni Griffin
Release Date: August 16, 2017
Word Count: 54,366
Translator: Violette Mahe
Editor: Erika Orrick
Cover Artist: Freddy MacKay
Avez-vous peur de quelque chose, peur au point d'avoir le souffle court, le cœur qui bat à cent à l'heure, à la limite de la syncope ? Pour Leo Harris, cette peur, c'est le vertige.
Allez savoir pourquoi, sa fouineuse de sœur lui a offert un bon pour l'ascension du pont de Sydney, en s'attendant à ce qu'il y survive. Sans la bienveillance d'un inconnu sexy rencontré pendant la préparation, Leo n'aurait sans doute pas été capable de mettre les pieds sur cette structure gigantesque.
Ryan Anderson est un bourreau de travail, puisque rien ne l'en empêche, mais cela a changé le jour où il a rencontré Leo. Ryan tombe vite fou amoureux, alors qu'il se met en tête de le conquérir.
Release Date: August 16, 2017
Word Count: 54,366
Translator: Violette Mahe
Editor: Erika Orrick
Cover Artist: Freddy MacKay
Avez-vous peur de quelque chose, peur au point d'avoir le souffle court, le cœur qui bat à cent à l'heure, à la limite de la syncope ? Pour Leo Harris, cette peur, c'est le vertige.
Allez savoir pourquoi, sa fouineuse de sœur lui a offert un bon pour l'ascension du pont de Sydney, en s'attendant à ce qu'il y survive. Sans la bienveillance d'un inconnu sexy rencontré pendant la préparation, Leo n'aurait sans doute pas été capable de mettre les pieds sur cette structure gigantesque.
Ryan Anderson est un bourreau de travail, puisque rien ne l'en empêche, mais cela a changé le jour où il a rencontré Leo. Ryan tombe vite fou amoureux, alors qu'il se met en tête de le conquérir.
Extrait - Chapitre Un
Adossé au mur de briques, Leo tentait désespérément de rassembler son courage. Tout ce qu'il avait à faire, c'était traverser la route et pénétrer dans le bâtiment d'en face. Leo n'avait jamais envisagé de faire une telle chose. Il ne serait même pas là si sa fouineuse de sœur et le mari de celle-ci, tout aussi chiant, ne lui avaient pas donné ce ticket-cadeau.
— Il faut que tu sortes plus de chez toi, que tu vives un peu, l'avait sermonné sa sœur alors qu'il observait le morceau de papier qu'il avait entre les mains, sans trop savoir ce qu'il ressentait.
— Je sors souvent, s'était défendu Leo.
— Non, c'est faux, et tu le sais. Tu sors peut-être physiquement de chez toi pour aller au travail ou faire les courses, mais tu ne sors jamais pour t'amuser, avait répliqué Teresa avec un soupir, et Leo avait alors ressenti une irrépressible envie de lui donner un bon coup sur le crâne. Tu ne vas jamais en boîte, très rarement au restaurant, et tu refuses catégoriquement de t'inscrire sur un site de rencontres.
Leo ne se mettrait certainement pas à la merci de tous ces mecs désespérés qui ne voulaient qu'un plan d'un soir. Il était conscient que parmi cette foule de types en rut, il pourrait en trouver un ou deux à la recherche d'une relation sérieuse, mais il n'était pas prêt à trier les crapauds pour trouver le prince charmant. Si un tel homme existait ‒ et Leo n'en était pas convaincu ‒, il doutait qu'ils soient destinés à se rencontrer via un site de rencontres.
— Teresa, j'aime ma vie. Je suis heureux, avait-il tenté de la convaincre une fois de plus.
Ce n'était pas parce qu'elle était heureuse en ménage avec deux enfants et demie que tout le monde devait faire pareil.
— Non, Leo, c'est faux.
Teresa avait agité la main en direction du visage de Leo quand il avait fait mine de protester.
— Je te connais et je t'aime. Fais ça pour moi, s'il te plaît, avait-elle repris en battant des cils.
Leo avait poussé un gros soupir, conscient qu'il céderait, comme d'habitude. Sa sœur avait beau être agaçante et se mêler de ce qui ne la regardait pas, il l'aimait tendrement et ne pouvait pas imaginer sa vie sans elle. Le ricanement de l'autre côté de la pièce n'avait pas échappé à Leo, mais il avait décidé d'ignorer Blake. Après tout, celui-ci était tout aussi incapable que lui de tenir tête à Teresa.
Leo avait jeté un nouveau coup d’œil au bout de papier.
— Sérieux ?
— Tu vas adorer, avait rétorqué sa sœur en riant.
Il en doutait.
Deux semaines plus tard, et l'idée ne lui plaisait pas davantage. Il jeta un œil à sa montre et soupira en réalisant que s'il ne s'activait pas immédiatement, il serait en retard. Il se décolla du mur de briques et traversa la rue. Son estomac se révolta et il pria pour ne pas vomir.
Les grandes portes en verre s'ouvrirent dans un souffle et Leo entra pour rejoindre la caisse. Tandis qu'il faisait la queue, il regarda autour de lui. Des hommes et des femmes passaient en revue des étals débordants de pulls, d'aimants et de peluches marqués du logo du BridgeClimb de Sidney. Son regard s'arrêta sur une étagère carrée où étaient posées des photos dédicacées de célébrités ayant effectué l’ascension.
En un rien de temps, Leo fut appelé au comptoir.
— Bonjour, le salua une jeune fille d'un air joyeux.
— Bonjour, répondit Leo, passablement abattu.
Il tendit le ticket et attendit. On lui demanda de confirmer qu'aucun problème de santé ne l'empêchait d'escalader le pont, et Leo envisagea sérieusement de mentir, avant de secouer la tête à contrecœur.
— Fantastique, vous allez adorer être là-haut.
Leo tenta d’esquisser un sourire, qui à son avis devait plutôt ressembler à une grimace.
— Voilà votre ticket, dit l'employée en lui tendant un bout de papier rectangulaire. Et voici votre bon pour les photos.
— Photos ? répéta Leo, perdu.
— Oui, trois photos ont été achetées avec le ticket. À votre retour, vous pourrez choisir trois photos de vous parmi celles que prendra le guide au sommet du pont.
Mince, Teresa veut sûrement une preuve que j'y suis vraiment allé.
— Merci, dit Leo en prenant le bon.
— Je vous en prie, répondit-elle en pointant le doigt sur sa gauche. Si vous voulez bien monter les escaliers, votre ascension devrait commencer dans cinq minutes environ.
Leo hocha la tête et fit un pas de côté pour permettre au client suivant de prendre sa place. Il suivit les instructions et monta le grand escalier, dépassant toutes les étagères débordantes de souvenirs touristiques. S'il souhaitait vraiment quelque chose pour commémorer cette excursion imprudente, il pourrait toujours l'acheter en partant.
Il n'y avait qu'une petite mezzanine en haut des marches. À environ trois mètres devant lui se trouvait un mur avec trois portes, deux à gauche et une presque en face de lui. Il y avait un autre pilier carré avec des photos dédicacées et trois ordinateurs tactiles à sa droite.
Leo se dirigea vers la gauche, dans une pièce avec des places assises occupées par plusieurs personnes. Celles-ci regardaient un écran de télévision accroché près de la porte la plus éloignée, qui montrait des gens en train de se préparer aux différentes étapes de l'ascension pour leur donner une idée de ce qui les attendait.
Leo s'assit sur un coin libre de la banquette et observa l'écran d'un air captivé. Il était tellement absorbé par ce qui passait à l'image qu'il faillit rater le moment où plusieurs des personnes qui l'entouraient se levèrent. Leo regarda autour de lui, surpris, et remarqua que l'une des portes était ouverte, et qu'un jeune homme se tenait dans son encadrement pour récupérer les tickets des clients qui entraient.
Leo jeta un coup d’œil à l'horloge et constata que l'heure de l'ascension était venue. Il se leva rapidement et se dirigea vers la porte.
— Bonjour, salua Leo en lui tendant son billet.
— Bonjour.
L'homme lui rendit le ticket sans le talon, et lui fit signe d'entrer.
La pièce n'était pas très grande, ni très éclairée. Une rangée de sièges en forme de fer à cheval bordait les côtés et le fond de la salle. Des gens remplissaient leur formulaire sur des écritoires posées sur leurs genoux.
Leo s'installa sur un siège libre, pris une écritoire, et saisit son crayon. Alors qu'il s’apprêtait à écrire, l'entrée d'un nouveau venu attira son attention. La beauté de cet homme faillit lui couper le souffle. Des épaules larges, une taille fine, assez grand pour donner envie à Leo de lui grimper dessus comme un écureuil sur un arbre. Ses cheveux bruns étaient courts sur les côtés, et un peu plus longs sur le dessus, et son expression était un quart gentil, trois quarts sexy, donnant envie à Leo d'avaler sa propre langue.
L'homme était vêtu d'un débardeur et d'un short de foot, mais Leo parvenait à apercevoir le cycliste qui se cachait dessous. Celui-ci lui moulait follement les cuisses, et Leo aurait donné n'importe quoi pour être ce bout de tissu. Les cuisses et les mollets musclés de l'inconnu étaient recouverts de poils sombres et bouclés, qui menacèrent d'arracher un gémissement à Leo. Des chaussettes et une paire de baskets complétaient sa tenue. Leo savait que son examen attentif du nouvel arrivant n'avait duré que quelques secondes, mais il avait l'impression de l'avoir observé pendant une éternité. Quand l'homme se dirigea vers lui, il eut du mal à détacher son regard pour se concentrer sur ce qu'il était censé faire. Leo eut envie de maudire sa bonne étoile quand l'inconnu s'installa sur le siège qui jouxtait le sien.
Il baissa les yeux sur sa feuille en espérant que son cerveau embrumé réussirait à en comprendre le sens. Alors qu'il venait de commencer à remplir le formulaire, une senteur alléchante le frappa. Il inhala profondément, en s'efforçant de rester discret. L'odeur était moitié eau de Cologne, moitié homme viril. Leo n'avait jamais rien senti de tel.
Il maudit sa sœur encore et encore en gribouillant les réponses sur son questionnaire.
— Bonjour, tout le monde.
Leo leva les yeux quand l'homme qui les avait accueillis à la porte prit la parole.
— Je m'appelle Jindal et c'est moi qui vous guiderai aujourd'hui le long des premières étapes qui vous prépareront à l'ascension. Sur les sièges, vous aurez trouvé une écritoire avec quelques fiches à compléter. Veuillez remplir les deux côtés et assurez-vous d'écrire correctement votre nom au dos, car c'est le nom qui apparaîtra sur votre certificat de grimpeur.
On va avoir un certificat ?
— Je passerai dans la salle pendant que vous remplissez vos fiches pour vous faire subir un alcootest. Veuillez compter lentement et clairement jusqu'à cinq dans la machine.
Jindal leur montra un éthylotest semblable à ceux qu'utilisait la police avant de retourner à l'entrée de la salle pour en chercher un deuxième sur un petit bureau. Leo retourna à son formulaire après avoir observé Jindal faire passer le test aux deux premières personnes. Les un-deux-trois-quatre-cinq se répétèrent incessamment tandis que Jindal parcourait la pièce. Leo venait de poser son crayon quand le guide s'arrêta face à lui. Jindal pressa quelques boutons sur les machines puis les tendit à l'homme assis à sa gauche.
La voix grave et sexy de son voisin était comme une caresse sur sa peau. Leo serra les dents en s'efforçant de garder le contrôle sur son corps. Bon sang, cela faisait visiblement trop longtemps qu'il n'avait pas fait l'amour, pour qu’un mec en train de compter lui fasse un tel effet. Ce n'était pas comme si Leo avait la moindre chance avec cet homme. Il était timide et réservé. Jamais un type aussi sexy ne s'intéresserait à quelqu'un comme lui.
Et qu'est-ce qui lui disait que cet homme était gay ? Il y avait de bonnes chances pour qu'il soit hétéro.
L’éthylotest apparut devant lui, et Leo prit une grande inspiration avant de se mettre à compter. Il n'avait pas d'inquiétudes à avoir. Il n'avait rien bu. Leo ne buvait généralement qu'un verre, uniquement lors d'occasions spéciales, de toute façon. Mais s'il avait su qu'il passerait un alcootest ce matin-là, il aurait pu être tenté de boire la veille. Ça n'aurait pas été grand-chose, de toute manière. Leo ne tenait pas l'alcool. Un verre et demi, et il était complètement saoul.
Jindal finit de faire passer le test aux derniers participants, et comme aucune parole ne fut prononcée, Leo en conclut que tout le monde l’avait passé positivement.
Quand il sembla que tout le monde avait complété son formulaire, Jindal fit le tour de la pièce et récupéra les écritoires.
— Vous pouvez garder vos boucles d'oreilles et vos bagues, mais les montres, les bracelets, les colliers et le reste devront être retirés. Vous pourrez placer vos objets de valeur dans un casier verrouillé, et garder la clé avec vous. Si vous portez des lunettes de vue ou de soleil, vous pouvez les garder, mais vous devrez mettre des attaches pour les accrocher à vos combinaisons. Vous avez des questions ? demanda Jindal en se dirigeant vers la porte face à celle par laquelle ils étaient entrés.
Leo parcourut la pièce du regard, mais personne ne dit rien.
— Parfait. Veuillez me suivre dans l'autre pièce et placez-vous sur les marques jaunes au sol. Nous allons vous donner vos combinaisons.
Jindal ouvrit la porte et entra. Tout le monde se leva, certains en ramassant les sacs qu'ils avaient apportés avec eux, avant de se diriger vers la pièce suivante. Leo regarda autour de lui en entrant. Le mur de gauche était occupé par des étagères. Celles-ci débordaient de combinaisons gris foncé et bleues. Leo supposait qu'il y avait une sorte de code couleur, à en juger par les petits points collés aux manches. Il ne voyait aucun autre signe distinctif pouvant indiquer les différentes tailles des combinaisons, qui se ressemblaient toutes.
Il traversa la pièce et se plaça sur un grand cercle jaune. Il n'en crut pas ses yeux quand Mr Beau Gosse s'arrêta sur celui à côté du sien. Il y avait quatorze points sur le sol, indiquant que c'était le nombre maximum de personnes admises dans le groupe. Il restait encore quatre places libres.
— Puisque vous allez passer ces prochaines heures ensemble, pourquoi ne vous présenteriez-vous pas au groupe ? Donnez-nous votre prénom, d'où vous venez, et ce qui vous amène à escalader le pont ce matin, dit Jindal en tapotant un homme d'âge mûr sur l'épaule pour lui signifier de parler en premier, avant de se retourner pour s'occuper du mur de combinaisons.
Il y avait un couple marié venu des États-Unis, un père et son fils brésiliens, des amis de Perth, et une dame seule originaire d’Adélaïde. Leo se tourna, impatient d'entendre la présentation de l'inconnu sexy.
— Bonjour, tout le monde.
Sa voix grave résonna dans la pièce. Le sexe de Leo se contracta avec intérêt. Ses pensées se firent salaces, et il se demanda ce que ça ferait d'être mené à l'orgasme par la voix de cet homme.
— Je m'appelle Ryan Anderson. Je vis à Sydney depuis plusieurs années et je me suis dit qu'il était temps pour moi d'escalader ce pont. Alors je me suis offert l'ascension pour mon anniversaire.
Leo avala la boule qui se formait dans sa gorge. Ryan sourit et se tourna vers lui comme s'il attendait quelque chose. Leurs regards se croisèrent. Leo fut fasciné par ses yeux dorés incroyables. Il eut envie de tendre la main pour le toucher, mais quand il remarqua le petit sourire en coin que lui adressait Ryan en haussant un sourcil, Leo réalisa où il se trouvait et s'arracha à sa contemplation.
— Euh. Salut, déclara Leo, nerveux, avant de s'éclaircir la gorge en rassemblant ses pensées. Je m'appelle Leo Harris et je suis aussi de Sydney. Je suis ici parce que ma sœur est une espèce de fouineuse et a insisté pour que je sorte plus souvent. Comment cette idée lui est venue, je ne le saurai jamais, parce qu'elle sait parfaitement que j'ai le vertige.
Plusieurs personnes gloussèrent.
Ils écoutèrent tous la présentation de la dernière personne, un homme divorcé de Brisbane. Il était en ville pour le travail et s'était dit « pourquoi ne pas escalader le pont ? » durant son séjour.
— Il faut que tu sortes plus de chez toi, que tu vives un peu, l'avait sermonné sa sœur alors qu'il observait le morceau de papier qu'il avait entre les mains, sans trop savoir ce qu'il ressentait.
— Je sors souvent, s'était défendu Leo.
— Non, c'est faux, et tu le sais. Tu sors peut-être physiquement de chez toi pour aller au travail ou faire les courses, mais tu ne sors jamais pour t'amuser, avait répliqué Teresa avec un soupir, et Leo avait alors ressenti une irrépressible envie de lui donner un bon coup sur le crâne. Tu ne vas jamais en boîte, très rarement au restaurant, et tu refuses catégoriquement de t'inscrire sur un site de rencontres.
Leo ne se mettrait certainement pas à la merci de tous ces mecs désespérés qui ne voulaient qu'un plan d'un soir. Il était conscient que parmi cette foule de types en rut, il pourrait en trouver un ou deux à la recherche d'une relation sérieuse, mais il n'était pas prêt à trier les crapauds pour trouver le prince charmant. Si un tel homme existait ‒ et Leo n'en était pas convaincu ‒, il doutait qu'ils soient destinés à se rencontrer via un site de rencontres.
— Teresa, j'aime ma vie. Je suis heureux, avait-il tenté de la convaincre une fois de plus.
Ce n'était pas parce qu'elle était heureuse en ménage avec deux enfants et demie que tout le monde devait faire pareil.
— Non, Leo, c'est faux.
Teresa avait agité la main en direction du visage de Leo quand il avait fait mine de protester.
— Je te connais et je t'aime. Fais ça pour moi, s'il te plaît, avait-elle repris en battant des cils.
Leo avait poussé un gros soupir, conscient qu'il céderait, comme d'habitude. Sa sœur avait beau être agaçante et se mêler de ce qui ne la regardait pas, il l'aimait tendrement et ne pouvait pas imaginer sa vie sans elle. Le ricanement de l'autre côté de la pièce n'avait pas échappé à Leo, mais il avait décidé d'ignorer Blake. Après tout, celui-ci était tout aussi incapable que lui de tenir tête à Teresa.
Leo avait jeté un nouveau coup d’œil au bout de papier.
— Sérieux ?
— Tu vas adorer, avait rétorqué sa sœur en riant.
Il en doutait.
Deux semaines plus tard, et l'idée ne lui plaisait pas davantage. Il jeta un œil à sa montre et soupira en réalisant que s'il ne s'activait pas immédiatement, il serait en retard. Il se décolla du mur de briques et traversa la rue. Son estomac se révolta et il pria pour ne pas vomir.
Les grandes portes en verre s'ouvrirent dans un souffle et Leo entra pour rejoindre la caisse. Tandis qu'il faisait la queue, il regarda autour de lui. Des hommes et des femmes passaient en revue des étals débordants de pulls, d'aimants et de peluches marqués du logo du BridgeClimb de Sidney. Son regard s'arrêta sur une étagère carrée où étaient posées des photos dédicacées de célébrités ayant effectué l’ascension.
En un rien de temps, Leo fut appelé au comptoir.
— Bonjour, le salua une jeune fille d'un air joyeux.
— Bonjour, répondit Leo, passablement abattu.
Il tendit le ticket et attendit. On lui demanda de confirmer qu'aucun problème de santé ne l'empêchait d'escalader le pont, et Leo envisagea sérieusement de mentir, avant de secouer la tête à contrecœur.
— Fantastique, vous allez adorer être là-haut.
Leo tenta d’esquisser un sourire, qui à son avis devait plutôt ressembler à une grimace.
— Voilà votre ticket, dit l'employée en lui tendant un bout de papier rectangulaire. Et voici votre bon pour les photos.
— Photos ? répéta Leo, perdu.
— Oui, trois photos ont été achetées avec le ticket. À votre retour, vous pourrez choisir trois photos de vous parmi celles que prendra le guide au sommet du pont.
Mince, Teresa veut sûrement une preuve que j'y suis vraiment allé.
— Merci, dit Leo en prenant le bon.
— Je vous en prie, répondit-elle en pointant le doigt sur sa gauche. Si vous voulez bien monter les escaliers, votre ascension devrait commencer dans cinq minutes environ.
Leo hocha la tête et fit un pas de côté pour permettre au client suivant de prendre sa place. Il suivit les instructions et monta le grand escalier, dépassant toutes les étagères débordantes de souvenirs touristiques. S'il souhaitait vraiment quelque chose pour commémorer cette excursion imprudente, il pourrait toujours l'acheter en partant.
Il n'y avait qu'une petite mezzanine en haut des marches. À environ trois mètres devant lui se trouvait un mur avec trois portes, deux à gauche et une presque en face de lui. Il y avait un autre pilier carré avec des photos dédicacées et trois ordinateurs tactiles à sa droite.
Leo se dirigea vers la gauche, dans une pièce avec des places assises occupées par plusieurs personnes. Celles-ci regardaient un écran de télévision accroché près de la porte la plus éloignée, qui montrait des gens en train de se préparer aux différentes étapes de l'ascension pour leur donner une idée de ce qui les attendait.
Leo s'assit sur un coin libre de la banquette et observa l'écran d'un air captivé. Il était tellement absorbé par ce qui passait à l'image qu'il faillit rater le moment où plusieurs des personnes qui l'entouraient se levèrent. Leo regarda autour de lui, surpris, et remarqua que l'une des portes était ouverte, et qu'un jeune homme se tenait dans son encadrement pour récupérer les tickets des clients qui entraient.
Leo jeta un coup d’œil à l'horloge et constata que l'heure de l'ascension était venue. Il se leva rapidement et se dirigea vers la porte.
— Bonjour, salua Leo en lui tendant son billet.
— Bonjour.
L'homme lui rendit le ticket sans le talon, et lui fit signe d'entrer.
La pièce n'était pas très grande, ni très éclairée. Une rangée de sièges en forme de fer à cheval bordait les côtés et le fond de la salle. Des gens remplissaient leur formulaire sur des écritoires posées sur leurs genoux.
Leo s'installa sur un siège libre, pris une écritoire, et saisit son crayon. Alors qu'il s’apprêtait à écrire, l'entrée d'un nouveau venu attira son attention. La beauté de cet homme faillit lui couper le souffle. Des épaules larges, une taille fine, assez grand pour donner envie à Leo de lui grimper dessus comme un écureuil sur un arbre. Ses cheveux bruns étaient courts sur les côtés, et un peu plus longs sur le dessus, et son expression était un quart gentil, trois quarts sexy, donnant envie à Leo d'avaler sa propre langue.
L'homme était vêtu d'un débardeur et d'un short de foot, mais Leo parvenait à apercevoir le cycliste qui se cachait dessous. Celui-ci lui moulait follement les cuisses, et Leo aurait donné n'importe quoi pour être ce bout de tissu. Les cuisses et les mollets musclés de l'inconnu étaient recouverts de poils sombres et bouclés, qui menacèrent d'arracher un gémissement à Leo. Des chaussettes et une paire de baskets complétaient sa tenue. Leo savait que son examen attentif du nouvel arrivant n'avait duré que quelques secondes, mais il avait l'impression de l'avoir observé pendant une éternité. Quand l'homme se dirigea vers lui, il eut du mal à détacher son regard pour se concentrer sur ce qu'il était censé faire. Leo eut envie de maudire sa bonne étoile quand l'inconnu s'installa sur le siège qui jouxtait le sien.
Il baissa les yeux sur sa feuille en espérant que son cerveau embrumé réussirait à en comprendre le sens. Alors qu'il venait de commencer à remplir le formulaire, une senteur alléchante le frappa. Il inhala profondément, en s'efforçant de rester discret. L'odeur était moitié eau de Cologne, moitié homme viril. Leo n'avait jamais rien senti de tel.
Il maudit sa sœur encore et encore en gribouillant les réponses sur son questionnaire.
— Bonjour, tout le monde.
Leo leva les yeux quand l'homme qui les avait accueillis à la porte prit la parole.
— Je m'appelle Jindal et c'est moi qui vous guiderai aujourd'hui le long des premières étapes qui vous prépareront à l'ascension. Sur les sièges, vous aurez trouvé une écritoire avec quelques fiches à compléter. Veuillez remplir les deux côtés et assurez-vous d'écrire correctement votre nom au dos, car c'est le nom qui apparaîtra sur votre certificat de grimpeur.
On va avoir un certificat ?
— Je passerai dans la salle pendant que vous remplissez vos fiches pour vous faire subir un alcootest. Veuillez compter lentement et clairement jusqu'à cinq dans la machine.
Jindal leur montra un éthylotest semblable à ceux qu'utilisait la police avant de retourner à l'entrée de la salle pour en chercher un deuxième sur un petit bureau. Leo retourna à son formulaire après avoir observé Jindal faire passer le test aux deux premières personnes. Les un-deux-trois-quatre-cinq se répétèrent incessamment tandis que Jindal parcourait la pièce. Leo venait de poser son crayon quand le guide s'arrêta face à lui. Jindal pressa quelques boutons sur les machines puis les tendit à l'homme assis à sa gauche.
La voix grave et sexy de son voisin était comme une caresse sur sa peau. Leo serra les dents en s'efforçant de garder le contrôle sur son corps. Bon sang, cela faisait visiblement trop longtemps qu'il n'avait pas fait l'amour, pour qu’un mec en train de compter lui fasse un tel effet. Ce n'était pas comme si Leo avait la moindre chance avec cet homme. Il était timide et réservé. Jamais un type aussi sexy ne s'intéresserait à quelqu'un comme lui.
Et qu'est-ce qui lui disait que cet homme était gay ? Il y avait de bonnes chances pour qu'il soit hétéro.
L’éthylotest apparut devant lui, et Leo prit une grande inspiration avant de se mettre à compter. Il n'avait pas d'inquiétudes à avoir. Il n'avait rien bu. Leo ne buvait généralement qu'un verre, uniquement lors d'occasions spéciales, de toute façon. Mais s'il avait su qu'il passerait un alcootest ce matin-là, il aurait pu être tenté de boire la veille. Ça n'aurait pas été grand-chose, de toute manière. Leo ne tenait pas l'alcool. Un verre et demi, et il était complètement saoul.
Jindal finit de faire passer le test aux derniers participants, et comme aucune parole ne fut prononcée, Leo en conclut que tout le monde l’avait passé positivement.
Quand il sembla que tout le monde avait complété son formulaire, Jindal fit le tour de la pièce et récupéra les écritoires.
— Vous pouvez garder vos boucles d'oreilles et vos bagues, mais les montres, les bracelets, les colliers et le reste devront être retirés. Vous pourrez placer vos objets de valeur dans un casier verrouillé, et garder la clé avec vous. Si vous portez des lunettes de vue ou de soleil, vous pouvez les garder, mais vous devrez mettre des attaches pour les accrocher à vos combinaisons. Vous avez des questions ? demanda Jindal en se dirigeant vers la porte face à celle par laquelle ils étaient entrés.
Leo parcourut la pièce du regard, mais personne ne dit rien.
— Parfait. Veuillez me suivre dans l'autre pièce et placez-vous sur les marques jaunes au sol. Nous allons vous donner vos combinaisons.
Jindal ouvrit la porte et entra. Tout le monde se leva, certains en ramassant les sacs qu'ils avaient apportés avec eux, avant de se diriger vers la pièce suivante. Leo regarda autour de lui en entrant. Le mur de gauche était occupé par des étagères. Celles-ci débordaient de combinaisons gris foncé et bleues. Leo supposait qu'il y avait une sorte de code couleur, à en juger par les petits points collés aux manches. Il ne voyait aucun autre signe distinctif pouvant indiquer les différentes tailles des combinaisons, qui se ressemblaient toutes.
Il traversa la pièce et se plaça sur un grand cercle jaune. Il n'en crut pas ses yeux quand Mr Beau Gosse s'arrêta sur celui à côté du sien. Il y avait quatorze points sur le sol, indiquant que c'était le nombre maximum de personnes admises dans le groupe. Il restait encore quatre places libres.
— Puisque vous allez passer ces prochaines heures ensemble, pourquoi ne vous présenteriez-vous pas au groupe ? Donnez-nous votre prénom, d'où vous venez, et ce qui vous amène à escalader le pont ce matin, dit Jindal en tapotant un homme d'âge mûr sur l'épaule pour lui signifier de parler en premier, avant de se retourner pour s'occuper du mur de combinaisons.
Il y avait un couple marié venu des États-Unis, un père et son fils brésiliens, des amis de Perth, et une dame seule originaire d’Adélaïde. Leo se tourna, impatient d'entendre la présentation de l'inconnu sexy.
— Bonjour, tout le monde.
Sa voix grave résonna dans la pièce. Le sexe de Leo se contracta avec intérêt. Ses pensées se firent salaces, et il se demanda ce que ça ferait d'être mené à l'orgasme par la voix de cet homme.
— Je m'appelle Ryan Anderson. Je vis à Sydney depuis plusieurs années et je me suis dit qu'il était temps pour moi d'escalader ce pont. Alors je me suis offert l'ascension pour mon anniversaire.
Leo avala la boule qui se formait dans sa gorge. Ryan sourit et se tourna vers lui comme s'il attendait quelque chose. Leurs regards se croisèrent. Leo fut fasciné par ses yeux dorés incroyables. Il eut envie de tendre la main pour le toucher, mais quand il remarqua le petit sourire en coin que lui adressait Ryan en haussant un sourcil, Leo réalisa où il se trouvait et s'arracha à sa contemplation.
— Euh. Salut, déclara Leo, nerveux, avant de s'éclaircir la gorge en rassemblant ses pensées. Je m'appelle Leo Harris et je suis aussi de Sydney. Je suis ici parce que ma sœur est une espèce de fouineuse et a insisté pour que je sorte plus souvent. Comment cette idée lui est venue, je ne le saurai jamais, parce qu'elle sait parfaitement que j'ai le vertige.
Plusieurs personnes gloussèrent.
Ils écoutèrent tous la présentation de la dernière personne, un homme divorcé de Brisbane. Il était en ville pour le travail et s'était dit « pourquoi ne pas escalader le pont ? » durant son séjour.